Category Archives: Bas-Rhin
Des résultats records pour le groupe Kuhn
Pour la première fois de son histoire le groupe Kuhn (4 500 salariés et 9 usines), basé à Saverne et dirigé par Michel Siebert, a dépassé le cap du milliard d’euros de chiffre d’affaires : 1,014 milliard plus précisément, indique un communiqué de l’entreprise, filiale du groupe suisse Bucher. La progression des ventes en 2012 a été tout à fait remarquable, avec un solide +22 %. Le chiffre d’affaires a doublé depuis 2006. Et ceci sans transiger sur les marges puisque la profitabilité (EBIT) atteint 126 millions d’euros, soit 12,4 % du chiffre d’affaires.
« C’est le meilleur résultat de l’histoire de l’entreprise », indique Michel Siebert, PDG du groupe Kuhn. « Nous avons atteint en 2012 l’objectif fixé pour 2015. Ce fort développement est à mettre au crédit de l’engagement de chacun de nos collaborateurs, d’une stratégie claire et ambitieuse, ainsi que d’une conjoncture favorable en 2012 ». Ainsi, tous les marchés d’Europe, d’Amérique du Nord et du Sud, d’Asie et d’Océanie ont contribué à la croissance du groupe. Et de préciser que Kuhn poursuivra en 2013 une politique d’investissements dans chaque site. Un budget de plus de 50 millions d’euros et prévu, dont la moitié pour les seuls sites français.
DNA – 16 mars 2013
Feyel-Artzner sur la pente ascendante
Malgré la crise, le chiffre d’affaires de Feyel-Artzner a progressé de 19 % en 2011. Le plus gros transformateur de foie gras de la région espère poursuivre sur sa lancée en développant l’export, l’innovation et ses autres gammes de produits.
Pour Feyel-Artzner, c’est tout un symbole : la PME familiale de Schiltigheim a franchi, au terme de l’exercice 2011-2012, la barre des 30 millions d’euros de chiffre d’affaires.
« Nous avons connu une très belle dynamique de croissance », a reconnu hier Nicolas Schwebel, son directeur général, au cours d’une conférence de presse. Son volume d’activité a en effet progressé de 19 % lorsque, à l’échelle nationale, le marché du foie gras n’a crû que de 1,1 % en volume et de 4,8 % en valeur.
L’entreprise qui emploie 140 salariés a profité de « l’effet bicentenaire », estime le dirigeant. La célébration l’an passé des 200 ans de la marque Feyel a, selon lui, généré « un réel dynamisme en grande surface » (+27%), qui s’est doublé « d’une belle performance sur nos circuits traditionnels » (les épiceries fines et les grossistes) et à l’export, en hausse de 17 %.
Pas question pour autant pour le plus grand transformateur alsacien de foie gras de se reposer sur ses lauriers. La PME est au contraire bien décidée à exploiter les principaux leviers de croissance qu’elle a identifiés. Le premier est l’export, qui représente aujourd’hui 30 % de son chiffre d’affaires. Feyel-Artzner, qui commercialise déjà ses produits dans 45 pays différents, compte renforcer encore sa présence en Europe du Nord, au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est et tirer parti des marchés émergents, aujourd’hui en plein développement.
L’entreprise va également accentuer sa politique d’innovation, afin de dynamiser le marché français. C’est dans cet esprit, précise Patricia Houdebert, directrice marketing, qu’elle vient de lancer un foie gras prêt à poêler, fourni avec tous les ingrédients nécessaires pour le cuisiner, une préparation spéciale pour accompagner le foie gras prête à être enfournée ou encore une nouvelle gamme qui reprend les codes des produits du terroir, « pour répondre à la demande des épiceries de la région », indique Nicolas Schwebel. Feyel-Artzner va enfin exploiter les magrets, terrines et autres spécialités d’oie et de canard, moins saisonniers que le foie gras.
Cette stratégie commence visiblement à payer. Malgré la crise, constate-t-il, les ventes ont été ces derniers mois orientées à la hausse. Le mois de décembre reste cependant décisif. « Nous sommes confiants », indique le chef d’entreprise.
DNA – 27 novembre 2012
Heumann rajeunit l’un des plus vieux pains du monde
Le président du conseil régional Philippe Richert a visité hier matin l’entreprise de pains azymes Paul Heumann. Une première pour cet élu, à qui l’entreprise avait réservé la primeur d’une innovation.

Isabelle Heumann-Buchert tenant en main les premiers sachets de pain azyme pour apéritif. (Photo CRA – Luc Stadler)
Le pain azyme, galette de blé et d’eau, sans sel ni levure, que la tradition juive associe étroitement aux fêtes de Pessah, la Pâque, nous vient du fond des âges. La boulangerie Paul Heumann de Soultz-sous-Forêts en produit depuis quatre générations. Avec un certain succès puisque ses 240 000 galettes quotidiennes (entre 3 et 4 tonnes de produit) partent à l’exportation pour 70 %. Dans une spécialité qui pourrait se contenter, sans déchoir, de cultiver perpétuellement la tradition, l’entreprise familiale met au contraire l’accent sur l’innovation, la formation et l’éthique de produits 100 % végétaux et naturels.
Ces informations ont été données hier matin au président du conseil régional Philippe Richert, accueilli dans l’entreprise tôt dans la matinée, en compagnie du député Frédéric Reiss et du maire de Soultz, Pierre Mammosser. Si les deux ne sont pas du même bord politique, ils s’entendent parfaitement pour apprécier le pain Heumann et saluer le parcours sans faute de cette entreprise de 23 personnes aujourd’hui dirigée par une femme, Isabelle Heumann-Buchert, qui a pris la succession de son père Guy.
Le président du conseil régional venu en voisin et de sa propre initiative, qui connaît parfaitement le nord de l’Alsace et plus spécialement la famille Heumann, a avoué n’avoir jamais mis les pieds dans le laboratoire de la rue de Lobsann. « Nous ne sommes pas les plus anciens dans le métier, mais nos produits sont devenus une référence », affirme Guy Heumann, qui a consacré, avec son épouse Simone, quarante ans de son existence à développer l’affaire en la faisant sortir de son cadre local. Heumann sert toujours, en respectant scrupuleusement les règles, le marché casher. Mais l’entreprise va aujourd’hui bien au-delà en élargissant sans cesse le cercle des amateurs. M. Richert a ainsi pu découvrir que le premier marché de la PME de Soultz est… l’Italie, dont les consommateurs raffolent des produits craquants.
« Nous commençons à prospecter le marché chinois où nous avons de bonnes perspectives, non pas comme produit de masse, mais comme spécialité de niche », explique Isabelle Heumann.
La jeune dirigeante poursuit la politique d’innovation produit entamée il y a quelques années. Après les galettes additionnées de jus de pomme verte ou de betterave, Heumann va lancer cet automne les minipains azymes en sachets. Leur présentation commerciale sera faite lors du Sial, le grand salon de l’alimentaire du 21 au 25 octobre à Paris.
150 000 euros consacrés à l’informatique
C’est la transcription dans le vocabulaire du snacking et du grignotage apéritif des grandes galettes fines rectangulaires traditionnelles. « Ce produit apéritif a l’avantage de ne contenir ni matière grasse ni sel », souligne Isabelle Heumann.
Pour y parvenir, l’entreprise a dû mettre au point, avec un industriel de la région, une machine spéciale qui fractionne et conditionne les galettes. C’est un des investissements importants de l’entreprise, qui a aussi consacré 150 000 euros à l’achèvement de son informatisation. Elle englobe désormais aussi la production : « Nous en attendons un gros gain de productivité. C’était de toute façon indispensable pour répondre à la croissance des volumes. Nous pouvons aujourd’hui tout tracer en temps réel », explique Isabelle Heumann, épaulée depuis un an par un directeur industriel, Philippe Lazarus.
Philippe Richert a rendu hommage à l’entreprise familiale et à son goût du travail bien fait : « C’est aussi un identifiant de ce que nous sommes, avec l’attention portée aux relations sociales et l’humanisme », a-t-il commenté.
DNA – 25 septembre 2012
La montre à l’heure de la mode
Depuis 2005, le seul fabricant alsacien de montres, Pierre Lannier, a opéré un virage progressif vers l’univers de la mode. Un choix validé par les consommateurs.
Le pavillon Pierre Lannier vit ses derniers jours sur BaselWorld : « L’an prochain, avec les nouvelles halles, nous passerons de 96 m² à 170 m² », annonce Pierre Burgun, gérant de l’entreprise d’Ernolsheim-les-Saverne. Un investissement à la hauteur des enjeux : 30 % des ventes à l’export se réalisent pendant la seule semaine du salon bâlois.
Et c’est justement vers l’étranger que Pierre Lannier se tourne désormais : « doubler en cinq ans le chiffre d’affaires à l’export qui est actuellement de 2,5 millions d’euros », avance Pierre Burgun. Pour ce nouveau défi, la société alsacienne va s’appuyer sur la nouvelle approche « maison » inspirée de l’univers de la mode : « la montre est devenue un article de mode, avec des collections : les gens aiment en changer, regarder ce qui se fait ». L’arrivée des griffes de la mode sur le marché de la montre voici dix ans a changé la donne et forcé les horlogers traditionnels à se remettre en cause. « L’horlogerie est un marché où le produit n’a pas de prix, c’est l’émotion qui guide l’acheteur. Nous devons susciter cette émotion .» Une philosophie qui pousse les créateurs de la marque à ressusciter les couleurs vives, les formes courbes et les motifs floraux. « L’époque des tons sobres, du noir et blanc, n’incitait pas à changer souvent de montre », estime Pierre Burgun. Et en attendant de conquérir le marché chinois, les clients français plébiscitent le choix de l’entreprise alsacienne : 20 % de croissance du chiffre d’affaires l’an dernier (dans un marché en croissance de 10 %) pour atteindre les 16 millions d’euros. Et depuis 2006, la croissance a même atteint 80 %. La mécanique de précision alsacienne est à l’heure au rendez-vous de la mode.
DNA – 9 mars 2012
Paul Heumann modernise son outil
Le spécialiste du pain azyme investit 0,7 M€ dans son site pour gagner en flexibilité et développer un nouveau marché.
Manou Massenez, l’ambassadrice des eaux-de-vie d’Alsace

Manou Massenez-Heitzmann, dans les salons d’honneur de la CCI de Strasbourg. Elle vient d’être réélue à la Chambre régionale de Commerce et d’industrie. Photo Jean-Marc Loos
Présidente de l’Association régionale des industries alimentaires, Manou Massenez-Heitzmann, qui a ses attaches dans le val de Villé, n’oublie jamais de défendre les eaux-de-vie d’Alsace.
« Simply Massenez ! » Comment vit-on avec un nom qui est une marque et même un slogan ? « Mon nom ne m’a jamais gênée. Il m’a ouvert des portes, surtout à l’étranger. Mais comme j‘étais à l’époque la seule femme dans les spiritueux, il m’a fallu me montrer plus professionnelle qu’un homme », se souvient Manou Massenez-Heitzmann, directrice commerciale et de l’export de la Distillerie Massenez qui fut pendant quatre générations une entreprise familiale. Au fil des ans, la jeune femme s’est fait connaître par son prénom, ou plutôt par celui qu’elle s’était attribué, tout enfant. « Si bien que tout le monde m’a appelée Manou. Pour la Légion d’honneur, l’administration avait mis : dite Manou. Cela devenant trop compliqué, j’ai changé officiellement de prénom. » Le juge avait rarement vu un dossier aussi étoffé, à l’appui d’une demande de modification d’état-civil, avec des papiers parus à l’étranger…
Depuis presque trente ans, Manou Heitzmann-Massenez parcourt le monde pour vendre des eaux-de-vie. Son père, Gabriel, âgé aujourd’hui de 86 ans, avait compris dès les années soixante qu’il y avait là un créneau pour ce qui était considéré comme un produit de luxe. « Il disait que nous étions une petite entreprise d’envergure mondiale… » Encore adolescente, elle l’accompagne dans ses déplacements pendant les vacances scolaires, lui servant d’interprète pour l’anglais.
Très tôt aussi, elle travaille, l’été, dans le magasin familial de Kaysersberg. Pourtant, ses études (marketing-communication et langues étrangères appliquées) terminées, elle opte pour un poste de commerciale, loin du giron familial. Quand elle revient, à l’âge de 26 ans, pour s’intégrer dans la distillerie, Gabriel Massenez refuse de la rémunérer pendant un an : « Fais tes preuves d’abord ! » Pourtant, il a toujours été fier de sa fille, d’autant qu’elle était — et reste — « une jolie femme », à l’élégance discrète.
En charge de l’export, elle passera 60 % de son temps à voyager… épaulée par son mari, Laurent Heitzmann, expert-comptable, qui a assez d’humour pour ne pas prendre ombrage de la notoriété de son épouse — mais ne l’appelez pas « Monsieur Massenez » ! — sans l’appui duquel elle n’aurait « jamais pu se donner à fond ». Ce qui nécessitait une solide organisation, avec sa mère qui venait à Strasbourg pour s’occuper de Jean-Benoist et de Lucile, lorsqu’elle partait. Ses enfants restent « la principale source de fierté » de cette femme pugnace qui a su se faire une place au sein du monde économique alsacien.
« J’adorais la communication, le contact ! Pour nous, tous les grands chefs du monde étaient nos ambassadeurs. D’ailleurs je me suis toujours considérée comme l’ambassadrice des eaux-de-vie d’Alsace. Mais, dans ce monde d’hommes, j’ai travaillé de façon différente qu’eux… » Elle propose de donner des cours dans les écoles hôtelières du monde entier, jusqu’au Japon, « un pays d’esthètes », et aux États-Unis, et fait du lobbying pour obtenir que les eaux-de-vie de fruits fassent partie des concours du meilleur sommelier. « Il n’y a rien de plus difficile à reconnaître qu’un fruit… » Pourtant, au fil des années, sa tâche devient moins aisée. Elle s’insurge : « Quand on fait des eaux-de-vie l’ennemi numéro un, cela me révolte. On ne s’enivre pas au digestif ! » Citant l’exemple de ses enfants qui ont « appris à déguster un bon vin ou saisir l’arôme d’une eau-de-vie », elle assure que « tout passe par l’éducation, pas par l’interdiction… »
Manou la sportive, qui aime courir, lorsqu’elle est chez elle, avec son « coton de Tuléar », une vraie boule de poil, ou skier l’hiver en famille, est la première à prêcher la modération. Elle déplore même l’habitude prise par les restaurateurs de servir les alcools blancs d’Alsace dans des grands verres comme les armagnacs ou les cognacs. Aujourd’hui, les chariots de digestifs ont souvent disparu. « Revenons à la tradition. Chez mes grands-parents, on servait l’eau-de-vie dans des petits verres. Juste un centilitre pour digérer. Et jamais Monsieur le curé, quand il venait, ne refusait une goutte… »
Au-delà de la défense du terroir, explique-t-elle, c’est l’avenir d’un secteur économique qui est en cause. Et qui se joue d’abord dans la région. « Si on ne sert plus nos produits en Alsace, si nous n’avons plus de vitrine, comment allons-nous vendre nos eaux-de-vie aux étrangers ? » plaide la conseillère du Commerce extérieure et élue de la Chambre régionale de commerce et d’industrie, satisfaite qu’on trouve ses produits dans les avions des grandes compagnies aériennes. Elle rend hommage « au président Jean-Louis Hoerlé qui fait toujours servir des eaux-de-vie, à la fin des dîners officiels de la CCI, et à Jean-Marie Bockel, qui les proposait à Paris, lorsqu’il était ministre ».
La vente, début janvier, de la société familiale de Dieffenbach-au-Val aux Distilleries Peureux de Fougerolles, n’a pas entamé sa combativité. « À 55 ans, je devais me préoccuper de l’avenir de l’entreprise. Ni mes enfants, ni ceux de mon frère ne souhaitaient la reprendre », explique-t-elle, en se félicitant de « l’arrivée d’un jeune président, Bernard Braud, qui a la volonté d’aller de l’avant et d’innover… »
Son frère, Dominique, parti il y a vingt ans au Chili pour y développer un vignoble de 350 hectares, l’a revendu récemment pour ne garder « que » 60 hectares de vignes et lancer un nouveau vin. « Il était amusant de le voir avec ses échantillons à Vinexpo », observe sa petite sœur, en vantant les qualités de ce « vin superbe », le « Donum », produit par l’Alsacien du Chili. Manou a déjà convaincu plusieurs grands chefs de la région de le mettre sur leur carte.
Yolande Baldeweck – L’Alsace – 22 août 2011
L’essentiel
Présidente de l’Aria (Association régionale des industries alimentaires), Manou Massenez-Heitzmann se fait, dans toutes les instances où elle siège, l’infatigable avocate de ce secteur. « C’est le deuxième secteur industriel en Alsace, avec 16 000 salariés », rappelle-t-elle, en soulignant que son objectif est de développer « l’innovation et l’export ». « Qu’on ne me dise pas qu’une PME ne peut pas exporter. Il faut prendre ses échantillons, une documentation en anglais et y aller », assure-t-elle, en regrettant que « les Alsaciens n’aient pas toujours l’esprit de groupe ». Si elle soutient la démarche de « Marque Alsace » de la Région, elle rêve d’une vitrine, à Strasbourg, où l’on trouverait tous les produits alimentaires alsaciens. À l’image de ce que font les Italiens !